Il y a des soirs que l’on passe à discuter avec une fille pendant des heures. Elle a l’air tellement passionnée par ce que vous lui dites (qu’il s’agisse de la peinture raphaëlienne ou de la dernière saison du F.C. Louhans-Cuiseaux) qu’on finit par être presque déçu d’apprendre qu’elle aime bien les grands / petits, blonds / bruns /autre (entourez la réponse qui vous concerne) Mes relations avec Yannick sont uniquement amicales (Dieu soit loué ), mais pourtant elles ressemblent un peu à ça. Ce que j’aime vraiment chez lui, c’est le personnage. Je suis beaucoup moins proche de l’écrivain raconteur de légendes et d’aventures. Quelle angoisse d’avoir donc à préfacer ce recueil de nouvelles ! Je me suis si peu penché sur le Yannick fan de science-fiction, d’héroïque fantaisie (ça s’écrit comme ça ? ) et de terreur ! Car si Stephen King - par exemple - est pour Yannick ce que Marx a pu être pour Lénine , ce même Stephen King est pour moi ce qu’Emanuel Kant est pour Jean-Pierre Papin . Je ne peux donc poser un regard très lointain sur l’écrivain Yannick so far away from me (comme dirait Mark Knopfler ). En revanche, je peux vous parler de mon copain Yannick. S’il a pensé à moi pour cette préface, c’est que je fais partie de ces hommes de plume (tendance duvet léger ! ) qui rôdent autour de la rue des vanneaux, soit pour lire ses propres textes. L’écriture n’est plus alors une affaire de spécialiste se confrontant sur un même genre, mais le carburant (super) de l’amitié régnant entre des copains venus d’horizons divers. Ce sont donc tous les amis de Yannick que j’invite à se délecter dans les méandres de ses phrases au passé simple, dans un feu d’artifice de son foisonnant vocabulaire et dans la foule de ses lutins, vampires, goules, ankous, sorciers, trolls, elfes et autres farfadets. Sur la croisière de l’amitié, l’archipel Yannick est l’escale la plus surprenante ; ses textes sont une curiosité que les agences de voyages littéraires ne peuvent plus contourner.

Thomas Arrivé, août 1996.